Guy
Tout d’abord, merci aux arbres qui ont donné leur vie pour qu’existe une guérite sur le toit de cet immeuble d’habitation.
Mes pensées vont au danseur Erdem Gündüz, l’« homme debout » de la place Taksim qui, en 2013-2014, résista pendant des jours et des nuits à l’ordre urbain imposé à coups de destructions d’espaces publics et de constructions de tours et de barres par le Maire d’Istanbul et futur président turc.
Merci aussi aux pierres, au sable, à la terre et à l’eau entrés dans la composition de cette ville-termitière orthogonale et blanche dans laquelle mon regard scrutateur a repéré deux habitats « Diogène », l’un à l’est, l’autre à l’ouest, refus pathologiques ou sains de ranger ses affaires comme tout le monde !
J’ai pensé aussi à Karl, le protagoniste du roman de Kafka L’Amérique (ou L’Oublié), personnage auquel songea peut-être également Joanne Leighton, « homme debout » lui aussi, à la fenêtre d’un gratte-ciel de New York, se disant qu’il ne lui fallait surtout pas rester là, ce qu’il fera pourtant afin de témoigner, àla manière d’un double raté de l’écrivain, de la folie consistant à faire partie de cette mégalopole administrée…
Voilà, nous sommes 7 milliards d’habitants sur la Terre et, cité-Etat de notre temps, le Grand-Paris contient un millième de cette quantité, ce qui est à la fois peu et beaucoup…
Est-ce pour « faire avec » que nous nous rangeons dans des boîtes ou dans des meubles à tiroirs sur le toit desquels on voit des bouquets de chapeaux de cheminées pareils à des champignons ?
La place manquant sur cette page, je salue les volets orange de l’hôtel Zazie dont la singularité surprend au coeur de l’uniformité « générale » ; je salue enfin l’homme « assis » là-bas, sur le trottoir de la place du Colonel-Bourgoin, près de l’automate de la Société « générale », elle aussi…