Claudine
« D’abord il y a l’odeur du bois en entrant dans l’abri. Il faut traverser son reflet pour voir la ville. De coucher de soleil, il n’y en aura pas vraiment. Le ciel est bas, un couvercle tendu sur l’immensité de la ville.
Brouillard.
Couleurs estompées. Nuances infinies de gris, vaporeuses au loin. Les tours du lointain sont à peine visibles. Comme des mirages.
Le bruit de la grande ville. Circulation automobile dense. Des sirènes (police, ambulance) crient quelques malheurs, leurs gyrophares demeurent invisibles. Piétons emmitouflés. Un homme court, l’allure féline, dans le parc. Certains promènent leur chien. Des chiens promènent leur maître. Ça se voit. Un chien tient un morceau de bois dans la gueule et son maître tient son téléphone portable. Chacun son doudou !
Doucement la faible lumière du jour s’estompe. Les contours fondent. Des lumières s’allument dans les tours. Là, il y a de la vie. Certains tours restent les yeux fermés. Inhospitalières.
Deux personnes m’ont fait signe. Petite connivence d’un instant bref. Oui, j’étais bien là, ici et maintenant.
Toc toc toc, la porte de l’abri s’ouvre, c’est déjà fini. Je vais repartir en Essonne. »
Claudine