Témoignages

Année #1, La Maison populaire

La Maison du parc du 02/10/2021 au 02/10/2022

Christine

samedi 3 septembre 2022 à 19 h 29

« Dans la boîte ouverte aux deux bouts, ouverte pour le regard en tous cas, dans la boîte qui sent le bois et dirige nos/mes pas, mes regards.
Un iso­le­ment qui n’en est pas un.
Ce qui me frappe après un temps, un temps où je ne peux m’empê­cher de cher­cher à iden­ti­fier ce que je vois, côté Bagnolet et Paris, côté Montreuil et Vincennes et plus loin, ce qui me frappe c’est l’omni­pré­sence humaine. Par le son. Je sens leur agi­ta­tion, du bruit de fond cons­tant, que je sup­pose être celui de la bre­telle d’auto­route toute proche, aux éclats de voix pro­ches.
Rien ne s’arrête, les cris d’enfants, les ordres que l’homme envoie à son chien, les jeux, les rebonds des bal­lons.
Je suis dedans, au cœur de cette fré­né­sie des êtres, dans l’incroya­ble variété des choses qu’ils et elles font, en per­ma­nence. Je croyais que je pren­drais de la hau­teur, je prends de l’appar­te­nance.
Je ferme les yeux pour me sentir être avec, dedans.
Je ne sais pas si c’est agréa­ble. Pas tota­le­ment. J’aime­rais le silence.
Je ne regarde plus sous mes pieds car les humains hap­pent irré­sis­ti­ble­ment mon atten­tion lors­que je le fais.
Et un moment, quel­que chose a lieu.
Je me suis allon­gée. Je regarde vers l’ouest. J’ai chaussé des lunet­tes de soleil et elles accé­lè­rent la nuit.
Elles enfer­ment toutes les bâtis­ses de pre­mier plan et les sil­houet­tes des autres, elles se fon­dent, ça dénoue le regard, l’atten­tion, et sou­dain, le ciel prend le dessus.
Je le vois immense. Il faut croire au ciel pour voir le silence. Plein d’effi­lo­chu­res de nuages, élégantes et puis­san­tes, il ne bouge pas.
Il est haut, pro­fond, avec les zébru­res des avions qui tour­nent au blanc vif, puis­que là aussi, les humains met­tent leur empreinte.
J’ai du mal à ras­sem­bler le bas et le haut.
Je reste avec ce ciel en remer­ciant le Cycle des Veilleurs et Veilleuses de m’avoir offert l’immense hori­zon du ciel qu’il est si rare d’avoir en vue, en ville. »

Christine

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