Caroline
« Mon attention est d’abord frappée par ce qui ce passe en contrebas.
J’arrive à mon poste d’observatoire. Comme je suis fatiguée, je pense que je vais m’asseoir quelque temps en position de yoga. Mais en fait il n’en est rien. J’ai beaucoup de choses à observer. Des groupes de personnes en “statique” pourrait-on dire. Et des personnes en mouvement = des marcheurs, des joggeurs, hommes, femmes, dans les deux sens ; plus loin, un terrain de foot improvisé, sur la droite. Des promeneurs avec des chiens, des gros, moyens et petits ; un berger allemand, un chihuahua, d’autres chiens dont je ne parviens pas à définir exactement le type auxquels ils appartiennent.
Mais la première image qui m’a frappé, c’est ce chien blanc tacheté de noir et aux oreilles marron noisette qui s’étire dans l’herbe. Je me dis que j’aimerais bien en avoir un comme celui-là. Il y a trois groupes “statiques” visibles depuis mon point de vue : deux potes allongés sur le ventre et sur une couverture blanche. Ils seront toujours statiques pendant toute la durée de mon observation, mais vont changer de position : sur le dos, les jambes repliées sous les fesses. Puis il y a quatre hommes, trois debout, mais le dos sur la barrière, et un fumant dans l’herbe la chicha. C’est un moment tranquille, où l’on discute, où l’on se repose, où l’on prend son temps.
Savoir prendre son temps, tout un art.
Un autre groupe est composé de deux familles. Un couple de “séniors” montre les mouvements de chi-gong ou de gymnastique aux autres, à distance. Ce couple porte un brassard les masques de protection et se tient à distance. Les autres les imitent. Différents mouvements se succèdent. Les bras en mouvement ressemblent à des éoliennes. Au loin, la ligne d’horizon. Les jeux de lumière sur la ville. Deux fois je suis aveuglée par le soleil et je dois porter mes mains aux yeux. Je pense à l’Étranger, de Camus. Mais le sable ne tuile pas sous mes pieds ! Deux jeunes me font signe, d’en bas. Je réponds à leur geste. Puis, peu à peu, deux groupes finissent par quitter le terrain qu’ils s’étaient approprié. La lumière décline et le soleil disparaît.
“Soleil cou coupé”, Apollinaire. »
Caroline